Nos systèmes agroalimentaires produisent bien plus que des aliments. Ils génèrent également des coûts cachés qui affectent notre santé, notre environnement et nos sociétés. D’après une étude approfondie de la FAO, ces coûts s’élèvent à 12 000 milliards de dollars chaque année, soit plus de 10 % du PIB mondial. Mais qu’est-ce que cela signifie concrètement ?

Qu’est-ce que le coût réel des aliments ?

Le coût complet des aliments englobe non seulement leur prix sur le marché, mais aussi les externalités économiques, environnementales, sanitaire et sociales qui en découlent. Ces externalités incluent :

Les coûts sanitaires sont les plus élevés, représentant plus de 70 % des coûts cachés, principalement en raison des maladies non transmissibles comme les maladies cardiaques, les accidents vasculaires cérébraux et le diabète. Le coût environnemental, quant à lui, constitue plus de 20 % du total.

L’impact du type d’aliments sur les coûts cachés

Les coûts cachés varient selon le type d’ingrédients consommés. Les aliments d’origine animale, notamment la viande rouge et les produits laitiers, génèrent des coûts environnementaux élevés en raison de leur forte empreinte carbone, de leur consommation d’eau et des émissions de méthane produites par l’élevage. À l’inverse, les aliments végétaux ont généralement une empreinte écologique moindre, bien que certaines cultures, comme les amandes ou le riz, puissent nécessiter beaucoup d’eau.

Des coûts qui varient selon les pays et les niveaux de revenus

Les pays à faible revenu sont les plus touchés par ces coûts cachés : ils représentent 28 % de leur PIB, contre 11 % pour les pays à revenu intermédiaire et seulement 8 % pour les pays riches. Cela signifie que les populations les plus vulnérables paient le prix fort pour un système alimentaire qui ne leur permet pas toujours d’accéder à une alimentation saine et durable.

4 Paysans travaillant dans les rizières sous un couché de soleil

Un prix bien plus élevé que ce que nous payons

Si l’on intégrait ces coûts cachés dans le prix des aliments, notre facture serait triplée ! Selon la campagne “Le vrai prix de l’alimentation” de Humundi, 1 euro payé à la caisse correspond à 2 euros de coûts cachés. Une étude de la Chaire Unesco va dans le même sens : pour 100 € de nourriture achetée, la société paierait entre 100 et 200 € en dommages à la santé et à l’environnement.

Etalages dans un marché de fruits et légumes

Rendre l’alimentation durable accessible

Pour transformer nos systèmes agroalimentaires et les rendre plus vertueux, il faut réduire les inégalités d’accès à une alimentation de qualité. Aujourd’hui, la précarité entraîne une surconsommation de produits ultra-transformés, non pas par choix, mais par manque de moyens. Pourtant, des initiatives montrent que les personnes en situation de précarité sont demandeuses de produits locaux et de qualité.

Actions concrètes pour transformer nos systèmes agroalimentaires

  1. Faire converger les objectifs de santé (prévention de l’obésité et des autres maladies liées au régime alimentaire), sociaux (réduction de la pauvreté et de la sous-alimentation) et de transition écologique (réduction des émissions de gaz à effet de serre et des intrants chimiques)
  2. Encourager les pratiques agricoles durables et réduire les déséquilibres entre les acteurs du système alimentaire.
  3. Promouvoir une alimentation plus saine en rendant les aliments nutritifs plus accessibles et abordables.
  4. Informer les consommateurs sur l’impact réel de leurs choix alimentaires.
  5. Utiliser le pouvoir d’achat des institutions pour orienter le marché vers des pratiques vertueuses.
  6. Renforcer les politiques de gouvernance pour accélérer l’innovation et la transition vers un modèle alimentaire plus équitable.

Astuces pour réduire ces coûts cachés au quotidien

  1. Privilégier une alimentation plus végétale : Réduire la consommation de viande et de produits laitiers en faveur des protéines végétales (légumineuses, noix, tofu) peut considérablement diminuer l’impact environnemental.
  2. Consommer des produits locaux et de saison : Cela permet de réduire les émissions liées au transport et favorise les économies locales.
  3. Limiter le gaspillage alimentaire : Acheter en quantités adaptées, stocker correctement les aliments et réutiliser les restes contribuent à éviter des pertes inutiles.
  4. Favoriser l’agriculture durable : Privilégier les produits issus de l’agriculture biologique ou raisonnée aide à réduire l’usage de pesticides et à préserver la biodiversité.
  5. Opter pour des circuits courts : Acheter directement auprès des producteurs locaux permet de limiter les coûts liés à la transformation et à la distribution.

Si nous voulons un avenir durable, il est urgent de repenser nos systèmes agroalimentaires. Ce que nous payons à la caisse n’est qu’une partie de la facture réelle de notre alimentation. Il est temps d’agir pour que chacun puisse accéder à une alimentation saine, tout en préservant notre planète et notre santé.