Journée mondiale de l’alimentation : Pourquoi les systèmes alimentaires éco-responsables sont essentiels pour un avenir meilleur

Image vue d'en haut, d'un bol de tomates cerises tenue par deux paire de mains, dont une avec des gants de jardinage

Aujourd’hui, à l’occasion de la Journée mondiale de l’alimentation, nous célébrons la valeur et la diversité des cultures alimentaires à travers le monde, tout en reconnaissant que nos systèmes alimentaires actuels sont loin d’être inclusifs, résilients ou durables.

Il n’y a probablement rien de plus fondamental dans nos vies que la nourriture que nous mangeons.

L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) estime qu’environ 2,8 milliards de personnes n’ont pas accès à une alimentation saine et qu’environ 733 millions souffrent de la faim (chiffres de 2022)1. Les systèmes alimentaires sont également responsables d’environ un tiers des émissions mondiales de gaz à effet de serre2, et jouent un rôle majeur dans la déforestation3 et l’exploitation des ressources4.

La FAO appelle donc les Gouvernements à promouvoir le « droit à l’alimentation pour une meilleure vie et un meilleur avenir ». Cependant, les dirigeants mondiaux doivent comprendre que sans un passage à des régimes plus riches en plantes – en particulier dans les pays du Nord – il sera impossible de créer des systèmes alimentaires véritablement inclusifs et durables. En fait, nos modes de production actuels, centrés sur les produits animaux extrêmement gourmands en ressources, sont l’une des principales raisons pour lesquelles tant de personnes sont laissées pour compte.

Comment les pays du Sud sont laissés pour compte dans nos systèmes alimentaires actuels

Notre système alimentaire intensifié marginalise de nombreuses personnes dans les pays du Sud en raison de l’appétit excessif et de la recherche de profits dans les pays du Nord. La surconsommation de produits d’origine animale dans les pays du Nord est facilitée par des systèmes alimentaires industrialisés, centrés sur les animaux, qui exploitent le Sud comme source d’alimentation pour animaux, tout en inondant les marchés locaux de produits incroyablement bon marché.

Malgré cette surproduction, la nourriture est encore très inégalement distribuée à travers le monde, ce qui aggrave l’insécurité alimentaire dans de nombreuses régions. Une des raisons qui explique cela est qu’au lieu de cultiver des cultures dédiées directement à la consommation humaine, nous produisons des aliments pour les animaux. Environ 40 % des terres cultivées5 dans le monde sont utilisées à cette fin, et l’élevage intensif utilise environ un tiers des céréales mondiales ainsi que deux tiers des cultures de soja, de maïs et d’orge67.

Cela ne signifie pas que les communautés du Sud devraient abandonner complètement l’élevage. Cependant, il est important de réaliser que l’exportation de régimes alimentaires de type occidental et de modes de production intensifiés piège souvent les agriculteurs locaux dans des cycles de profits non durables plutôt que de les autonomiser. De plus, de nombreuses cultures destinées à l’alimentation animale, utilisées dans les pays du Nord, ne sont pas adaptées aux climats des pays du Sud et nécessitent des quantités d’eau considérables, en plus d’être plus vulnérables aux changements climatiques. Cela crée de l’insécurité pour les petits agriculteurs et menace leur indépendance.



Pourquoi les petits agriculteurs du Nord sont aussi en difficulté

Les agriculteurs du Nord sont eux aussi laissés pour compte par le système alimentaire actuel. L’intensification de l’agriculture, en particulier de l’agriculture animale, a également mis une pression considérable sur de nombreux petits agriculteurs dans les pays occidentaux. En effet, les agroéconomies axées sur l’exportation ont fait disparaître de nombreuses petites exploitations.

Les données révèlent que, ces dernières années, les marchés du Nord sont devenus nettement plus concentrés, avec une augmentation continue de la taille moyenne des exploitations et une réduction du nombre total d’exploitations8. En conséquence, les produits agricoles excessivement bon marchés, en particulier les produits d’origine animale, inondent les marchés du Sud, sans pour autant améliorer la situation économique de la plupart des agriculteurs des pays du Nord. D’après la Commission européenne, en 2022, le revenu familial moyen des agriculteurs de l’UE n’atteignait que 64 % du revenu moyen au sein de l’Union9.

Pourquoi l’alimentation végétale contribuent à des systèmes alimentaires plus équitables

Passer à une production riche en aliments d’origine végétale et à des régimes alimentaires plus végétaux, en particulier dans les pays du Nord, sera essentiel pour créer des systèmes alimentaires plus inclusifs et durables. Il a été démontré que les aliments à base de plantes sont beaucoup moins gourmands en ressources et émettent beaucoup moins de gaz à effet de serre que les produits d’origine animale101112. De plus, parce qu’ils peuvent être consommés directement par les humains, plutôt que de passer d’abord par les animaux pour ensuite être consommés par les individus, les aliments d’origine végétale peuvent nourrir beaucoup plus de personnes en utilisant beaucoup moins de ressources.

Enfin, il existe de nombreuses cultures indigènes mieux adaptées aux environnements et climats locaux, et beaucoup plus résistantes à la sécheresse que les cultures destinées à l’alimentation animale. Préserver et promouvoir les connaissances sur ces cultures et les techniques agricoles traditionnelles peut être une contribution importante à la création d’une plus grande sécurité alimentaire pour ceux qui dépendent actuellement de cultures très gourmandes en eau, plus vulnérables au changement climatique.

Promouvoir un changement systémique

Si nous voulons créer des systèmes alimentaires véritablement inclusifs et durables qui permettent une meilleure vie et un meilleur avenir, une approche holistique et mondiale est nécessaire pour provoquer un changement systémique. Bien que les actions individuelles soient louables, il faut avant tout un engagement politique. C’est pourquoi ProVeg milite activement pour une transformation des systèmes alimentaires au niveau de l’ONU.

Malheureusement, le rôle de l’alimentation a été largement négligé dans les négociations climatiques mondiales. Depuis la conférence COP27 en 2022, ProVeg s’efforce de changer cela et de porter ce sujet au plus haut niveau des négociations. L’année dernière, grâce à une campagne intensive menée par ProVeg et ses collaborateurs, deux tiers de la restauration à la COP28 étaient entièrement végétale – et ce, pour la première fois.

Cette année, avec nos partenaires, nous organiserons le Hub ActionOnFood à la COP29, offrant un espace indispensable, pour discuter d’une transition juste, loin de l’agriculture gourmande en ressources et vers des systèmes alimentaires équitables, sains, humains et résilients.

Pour en savoir plus sur les actions de ProVeg auprès de l’ONU et suivre nos plans pour la COP29, cliquez ici. N’oubliez pas de nous suivre sur les réseaux sociaux pour rester informé !

Références

  1.  FAO, IFAD, UNICEF, WFP and WHO (2024): In Brief to The State of Food Security and Nutrition in the World 2024 – Financing to end hunger, food insecurity and malnutrition in all its forms. Rome. Available at: https://openknowledge.fao.org/items/65c273dd-8b71-4878-9f13-74d2fd244bde. [Accessed 04.10.2024] ↩︎
  2. Crippa, M., E. Solazzo, D. Guizzardi, et al. (2021): Food systems are responsible for a third of global anthropogenic GHG emissions. Nature Food 2(3), 198–209. doi:10.1038/s43016-021-00225-9 ↩︎
  3. Food System Data (2024): Deforestation. Available at: https://foodsystemdata.org/deforestation/ [Accessed 04.10.2024] ↩︎
  4. Food System Data (2024): Resource use. Available at:https://foodsystemdata.org/resource-use/ [Accessed 04.10.2024] ↩︎
  5. Poore, J. & T. Nemecek (2018): Reducing food’s environmental impacts through producers and consumers. Science 360(6392), 987–992. doi:10.1126/science.aaq0216 ↩︎
  6. Food and Agriculture Organization of the United Nations (2017): Crop Prospects and Food Situation. March 2017. p.7 .FAO, Rome ↩︎
  7. Willett, W., J. Rockström, B. Loken, et al. (2019): Food in the Anthropocene: the EAT-Lancet Commission on healthy diets from sustainable food systems. ↩︎
  8. Ritchie, H., Roser, M. (2021): Farm Size. Our World in Data. Available at:  https://ourworldindata.org/farm-size [Accessed: 04.10.2024] ↩︎
  9. European Commission (n.d.): Income support explained. Available at: https://agriculture.ec.europa.eu/common-agricultural-policy/income-support/income-support-explained_en [Accessed: 04.10.2024]  ↩︎
  10. Xu, X., P. Sharma, S. Shu, et al. (2021): Global greenhouse gas emissions from animal-based foods are twice those of plant-based foods. Nature Food 2(9), 724–732. doi:10.1038/s43016-021-00358-x ↩︎
  11. Poore, J. & T. Nemecek (2018): Reducing food’s environmental impacts through producers and consumers. Science 360(6392), 987–992. doi:10.1126/science.aaq0216 ↩︎
  12. Clark, M. A., N. G. G. Domingo, K. Colgan, et al. (2020): Global food system emissions could preclude achieving the 1.5° and 2°C climate change targets. Science 370(6517), 705–708. doi:10.1126/science.aba7357 ↩︎

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