S’il y a un sujet qui revient fréquemment lorsqu’on aborde la question de l’alimentation végétale, c’est bien le soja. En effet, le soja est fréquemment utilisé dans l’alimentation végétale : sous forme de lait, de tofu, de hamburgers et d’autres alternatives aux aliments d’origine animale. Mais le soja est-il bon pour la santé ? Et est-il écologiquement durable ?
Entre les informations contradictoires et les idées reçues, il peut être difficile de démêler le vrai du faux. Il paraît donc utile de démystifier le soja.
Les effets du soja sur la santé
Mythe 1 : Le soja n’est pas une bonne source de protéines
Beaucoup pensent qu’une alimentation végétale ne permet pas d’apporter suffisamment de protéines.
La graine de soja, aussi humble soit-elle, est très nutritive : c’est une excellente source de protéines, qui contient tous les acides aminés essentiels1 2, ainsi que d’importants minéraux tels que le magnésium et le potassium3 et des fibres.
Mythe 2 : Le soja provoque des déséquilibres hormonaux
Il est souvent dit que le soja contient des phytoestrogènes, des composés similaires aux œstrogènes humains, qui pourraient perturber le système hormonal et entraîner des effets indésirables, notamment chez les hommes.
Les phytoestrogènes présents dans le soja, appelés isoflavones, ont une structure similaire à celle des œstrogènes, mais leur effet sur le corps humain diffère des œstrogènes produits par le corps humain. Des études ont montré que la consommation modérée de soja n’a pas d’impact significatif sur les niveaux hormonaux des hommes ou des femmes.
Au contraire, les isoflavones peuvent avoir des effets bénéfiques, comme la réduction des symptômes de la ménopause et la protection contre certaines formes de cancer. En effet, selon une étude récente du World Cancer Research Fund International, l’utilisation du soja améliore les chances de guérison après un diagnostic de cancer du sein4. Selon une méta-analyse de 2009, le soja a également été associé à une réduction du risque de cancer de la prostate chez les hommes5.
Mythe 3 : Le soja est mauvais pour la thyroïde
Certains pensent que le soja peut inhiber la fonction thyroïdienne, en particulier chez les personnes souffrant d’hypothyroïdie.
Il est vrai que le soja contient des goitrogènes, qui peuvent interférer avec la production d’hormones thyroïdiennes, mais cela ne pose un problème que si l’apport en iode est insuffisant.6
Pour plus d’informations sur les carences en iode, consultez notre article qui explique “comment éviter les carences en iode“.
La consommation de produits à base de soja dans le cadre d’une alimentation équilibrée et riche en iode ne pose généralement pas de risque pour la thyroïde. Les personnes concernées par des problèmes thyroïdiens devraient toutefois consulter leur médecin.
Les effets du soja sur l’environnement
Mythe 4 : Le soja est responsable de la déforestation
On entend souvent que la production de soja a un impact dévastateur sur l’environnement, notamment en raison de la déforestation et de la conversion de forêts en terres agricoles destinées à la culture de soja, contribuant à la perte de biodiversité, à l’émission de gaz à effet de serre et à la perturbation des écosystèmes locaux.
En effet, la demande mondiale croissante de soja pousse à l’expansion des cultures de soja dans des régions sensibles, comme l’Amazonie. En revanche, ce que l’on a tendance à oublier, c’est que l’expansion de la demande de soja est directement liée à l’élevage7. Environ trois quarts des cultures mondiales de soja sont destinées à l’alimentation du bétail8 (notamment les bovins, les porcs et les volailles). Cette utilisation intensive du soja comme source de protéines pour les animaux d’élevage est un facteur majeur de la déforestation en Amérique du Sud.
En revanche, les cultures de soja destinées à la consommation humaine sont majoritairement produites en Europe. De plus, si tout le monde choisissait de manger du soja et autres protéines végétales, plutôt que de la viande et des produits laitiers, il faudrait moins de terres destinées à la culture de soja d’élevage, ce qui entraînerait de surcroît moins de déforestation. L’alimentation végétale permettrait ainsi de libérer des terres agricoles, qui pourraient être utilisées pour reboiser et restaurer des habitats naturels de la faune sauvage.
Pour en savoir plus sur l’impact de votre alimentation, découvrez notre article complet sur “La place de l’alimentation végétale dans la transition environnementale ?“
Sources
- Henkel J. Soy. Health claims for soy protein, questions about other components. FDA Consum. 2000;34(3):13–15,18–20. ↩︎
- Young, V. R. & P. L. Pellett (1994): Plant proteins in relation to human protein and amino acid nutrition. Am. J. Clin. Nutr. 59, p.1203S–1212S ↩︎
- Polak, R., Phillips, E. M. & A. Campbell (2015): Legumes: Health Benefits and Culinary Approaches to Increase Intake. Clin Diabetes. Available from: https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4608274/ [24.05.2018] ↩︎
- World Cancer Research Fund / American Institute for Cancer Research. Continuous Update Project Expert Report 2018. Survivors of breast and other cancers. Available at dietandcancerreport.org ↩︎
- Dong, J.-Y. and L.-Q. Qin (2011). “Soy isoflavones consumption and risk of breast cancer incidence or recurrence: a meta-analysis or prospective studies.” Breast cancer research and treatment 125 (2): 315-323. ↩︎
- Messina, Mark. 2001. Soy and thytoid functio : stucies show little effect. Soy Connection (The)(Jefferson City, Missouri-United Soybean Board) 9(2):1-2, 5-6 ↩︎
- Cerri, C.E.P., C.C. Cerri, S.M.F. Maia, M.R. Cherubin, B.J. Feigl & R. Lal (2018): Reducing Amazon Deforestation through Agricultural Intensification in the Cerrado for Advancing Food Security and Mitigating Climate Change. Sustainability. 10, p.989. ↩︎
- Steinfeld, Henning; Gerber, Pierre; Wassenaar, T. D.; Castel, Vincent (2006). Livestock’s Long Shadow: Environmental Issues and Options. Food and Agriculture Organization of the United Nations. ISBN 978-92-5-105571-7. Retrieved August 19, 2008. ↩︎