Le lien entre les systèmes alimentaires et la justice sociale
À l’occasion de la Journée mondiale de la justice sociale, célébrée chaque 20 février, nous sommes rappelés à l’importance fondamentale de bâtir des sociétés plus équitables. Conformément à l’Objectif de développement durable n°8 (ODD 8) des Nations Unies, qui promeut une croissance économique soutenue, inclusive et durable, un plein emploi productif, ainsi qu’un travail décent pour tous, nous devons réfléchir à la manière dont nos systèmes alimentaires contribuent – ou font obstacle – à ces objectifs.
Un aspect crucial mais souvent négligé de cette réflexion concerne notre système alimentaire : comment il fonctionne, qui en bénéficie et qui en souffre. L’agriculture industrielle, en particulier l’élevage intensif, exploite de manière disproportionnée les travailleurs, tandis que des systèmes alimentaires alternatifs fondés sur l’agriculture végétale offrent une opportunité de plus grande équité et de durabilité.
Le système alimentaire actuel : exploitation et iniquité
L’agriculture industrielle, notamment l’élevage intensif, est l’un des secteurs les plus dangereux et les plus exploitant pour les travailleurs. L’Organisation internationale du travail (OIT) et son programme de Travail décent mettent en évidence les risques élevés et les conditions précaires qui y règnent. Par exemple, les abattoirs et les fermes industrielles imposent régulièrement des conditions de travail dangereuses, avec peu de considération pour la sécurité des employés.
De nombreux travailleurs – en particulier les migrants sans papiers dans certains pays – sont exposés à des efforts physiques répétitifs, à des taux élevés de blessures et à une détresse psychologique. Des études indiquent une augmentation des risques de dépression, de trouble de stress post-traumatique (TSPT), ainsi que des taux plus élevés de violence domestique et de suicide parmi les ouvriers d’abattoirs en raison de la nature de leur travail.
Au-delà des conditions individuelles des travailleurs, la structure même de la production alimentaire désavantage les petits exploitants agricoles. Selon des études récentes, ces agriculteurs produisent environ un tiers de la nourriture mondiale. Pourtant, ils font face à des obstacles majeurs pour passer à une agriculture végétale, notamment un manque d’accès aux aides financières, des chaînes d’approvisionnement dominées par l’élevage industriel et des incitations limitées à la culture d’alternatives végétales.
Les subventions gouvernementales favorisent largement les grandes entreprises agro-industrielles, laissant les petits agriculteurs lutter contre un système économique qui privilégie la production à grande échelle. Sans soutien adéquat, ces agriculteurs sont piégés dans des cycles d’endettement et d’instabilité économique.
Promouvoir la justice sociale grâce à l’alimentation végétale
Découvrez les quatre raisons clés pour lesquels l’alimentation végétale est indispensable pour favoriser la justice sociale.
Une opportunité : des systèmes alimentaires végétaux pour les droits des travailleurs
Chez ProVeg, nous sommes convaincus que la transition vers un système alimentaire plus végétal représente une opportunité unique pour corriger ces injustices systémiques et bâtir un avenir plus équitable et durable.
Les principaux bénéfices potentiels de cette transition comprennent :
- Des emplois plus sûrs et plus sains – Les travailleurs de la production alimentaire végétale évitent de nombreux dangers associés aux fermes industrielles et aux abattoirs.
- L’autonomisation économique des agriculteurs – Réorienter les subventions vers l’agriculture végétale permet aux petits exploitants de cultiver des cultures durables, offrant ainsi des sources de revenus plus stables.
- Souveraineté alimentaire et sécurité locale – Soutenir l’agriculture végétale à petite échelle renforce la résilience, réduit la dépendance aux chaînes d’approvisionnement mondiales et améliore la sécurité alimentaire.
- Justice environnementale – L’élevage industriel impacte de manière disproportionnée les communautés marginalisées en contribuant à la dégradation des terres et à la pollution. Une transition vers l’agriculture végétale pourrait atténuer ces dommages.

Mesures politiques pour une transition juste
Afin de co-créer un système alimentaire équitable, les gouvernements doivent mettre en œuvre des politiques positives et les grandes entreprises agroalimentaires doivent adopter des pratiques responsables qui prennent en compte à la fois les droits des travailleurs et les méthodes de production alimentaire :
- Réformer les subventions – Rediriger les aides financières de l’élevage industriel vers l’agriculture végétale durable.
- Renforcer les protections des travailleurs – Garantir des salaires équitables, des conditions de travail sûres et des protections sociales pour les travailleurs agricoles.
- Investir dans l’innovation alimentaire végétale – Encourager la recherche et le développement d’alternatives durables.
- Soutenir les petits exploitants agricoles – Faciliter l’accès aux ressources et à la formation pour ceux qui passent à l’agriculture végétale.
- Inclure les agriculteurs dans la prise de décision – Élaborer des politiques qui intègrent les voix des petits exploitants, en veillant à ce que leurs besoins soient au cœur des réformes du système alimentaire.
De plus, il est essentiel que les politiques d’approvisionnement institutionnel privilégient les options végétales dans les écoles, les hôpitaux et les établissements publics afin de stimuler la demande pour une agriculture durable.
Un appel à l’action
Alors que nous célébrons la Journée mondiale de la justice sociale 2025, il est impératif de reconnaître le rôle fondamental de la production alimentaire dans la construction d’une société plus juste.
ProVeg International appelle les décideurs politiques à prendre des mesures concrètes pour instaurer des protections équitables des travailleurs et soutenir les petits exploitants dans leur transition vers une agriculture durable – en particulier en élargissant la production de cultures destinées à l’alimentation humaine directe plutôt qu’à l’alimentation animale.
Cette transition doit être soutenue par des stratégies gouvernementales à long terme et une résilience accrue des chaînes d’approvisionnement pour garantir des moyens de subsistance stables et sécurisés pour les travailleurs agricoles. Cela inclut des salaires équitables, des opportunités de croissance et une amélioration des conditions de travail dans le secteur végétal en pleine évolution.
L’agriculture animale industrielle continue d’exploiter les travailleurs et d’aggraver les inégalités économiques, contredisant ainsi les principes de l’ODD 8. Cependant, nous avons l’opportunité de passer à un système qui donne la priorité à la justice sociale, à la durabilité et à l’équité.
Gouvernements, entreprises et citoyens doivent prendre des mesures décisives pour transformer nos systèmes alimentaires – en veillant à ce que la justice ne concerne pas seulement ceux qui consomment des aliments, mais aussi ceux qui les produisent.